Au moment de la tragédie de Polytechnique, Nathalie Beaulieu est étudiante à la maîtrise en génie civil à l’Université de Sherbrooke. Elle participe activement au travail d’un comité étudiant qui organise des activités pour encourager la participation des femmes dans le domaine de l’ingénierie. Quatre jours avant le drame, elle donne naissance à une fille, son deuxième enfant, ce qui fait en sorte qu’elle est particulièrement touchée par les événements, qu’elle ressent non seulement de l’empathie pour ses collègues de Montréal, mais aussi pour les familles des victimes.
Après avoir complété sa maîtrise, elle entame un doctorat en télédétection, également à l’Université de Sherbrooke. En 1992, les quatre membres de la famille prennent la direction du Costa Rica où Mme Beaulieu effectue du travail de terrain pour sa thèse. Cette première expérience internationale les mène ensuite en Colombie, en France ainsi qu’au Sénégal. Elle travaille pendant dix ans à titre d’agrégée supérieure de recherche au Centre international d’agriculture tropicale (CIAT). Elle étudie les processus de planification de l’aménagement du territoire comme occasion d’utiliser les systèmes d’information géographique (SIG) et d’imagerie de télédétection, mais aussi comme mécanisme pour lier plus efficacement la recherche agricole au développement. Elle travaille ensuite pendant plus de cinq ans à Dakar comme agente au sein du programme Adaptation aux changements climatiques en Afrique (ACCA) pour le bureau du Centre de recherches pour le développement international (CRDI).
En 2012, elle rentre à Montréal, la ville qui l’a vue naître, afin de prendre soin de ses parents vieillissants. De 2013 à 2015, elle retourne aux études à l’Université du Québec à Rimouski comme stagiaire postdoctorale à temps partiel en développement régional et travaille à titre de consultante. Depuis 2017, elle est en poste chez Ouranos, à Montréal, et collabore à de nombreux projets en tant que consultante ou encore comme employée pour les partenaires du consortium. Actuellement, Mme Beaulieu travaille principalement à l’Université Laval comme chercheuse professionnelle pour un projet dont l’objectif est de comprendre les déterminants des moyens efficaces pour l’adaptation aux changements climatiques. La personne avec qui elle fait équipe enseigne à la Faculté des sciences de l’éducation, elle met en application la science du comportement pour décrire l’adaptation aux changements climatiques. Au cours des récentes années, elle a été en mesure de structurer son horaire pour accompagner ses parents dans leurs derniers moments en plus d’assister à la naissance de ses petits-enfants.
Son principal apport à la société est d’avoir facilité l’accès aux procédés dont les gens se servent pour utiliser les technologies (imagerie de télédétection, SIG, projection climatique). Elle a également élaboré des programmes d’adaptation climatique et de planification pour les municipalités dans le but de stimuler des efforts collectifs grâce auxquels tous et toutes poursuivront aussi leurs buts individuels.
Sa principale contribution à la profession est sans doute d’avoir fourni des approches plus intuitives pour aborder les risques relatifs au climat pour que les interventions en ingénierie et en gestion soient incluses dans le contexte plus large du développement municipal et régional. Il ne faut pas oublier qu’elle prouve qu’il est possible qu’une carrière en ingénierie soit excitante et que les femmes et les hommes qui la choisissent peuvent également jouer un rôle important au sein de leur famille.
Sélectionnée par : Université de Sherbrooke