30 Years Later

Au printemps 1989, Karen Nielsen assiste à une conférence pour les étudiantes et étudiants en génie, où elle fait la connaissance des gens provenant de partout au Canada. Plusieurs mois plus tard, alors qu’elle occupe son premier emploi comme ingénieure stagiaire, elle voit à la télévision une jeune femme sur une civière qui est interviewée. Cette jeune femme avait participé à la conférence et elle venait d’être blessée dans la tuerie de Polytechnique.

« Ça m’a donné un coup. Quand vous comprenez qu’un simple choix de carrière fait de vous une cible, ça fait vraiment réfléchir. Cela vous empêche de tenir pour acquis que vous pouvez devenir ingénieure. Malheureusement, certaines personnes n’ont pu jouir de cette occasion, de ce privilège. »

Après l’obtention de son diplôme avec distinction à la University of Saskatchewan en 1989, Mme Nielsen oriente sa carrière dans le domaine pétrolier et énergétique, occupant des postes techniques et de direction au sein d’ATCO, de Birchcliff Energy ainsi que d’ARC Ressources ltée. Énergique et dotée d’un flair aiguisé pour la technique et la finance, elle accède à son premier poste de vice-présidente à seulement 38 ans et est élue, en 2015, au sein de la délégation albertaine de la Conférence canadienne du gouverneur général sur le leadership. Fidèle à l’esprit des Prairies canadiennes d’où elle est originaire, elle sait faire preuve d’humilité et garde toujours une pensée pour la collectivité. Aujourd’hui, Mme Nielsen est cheffe du développement chez Seven Generations Energy, dont la valeur est évaluée à cinq milliards de dollars. Elle effectue le pont entre l’exploitation sous-surface, le développement des affaires et la planification des immobilisations de l'entreprise à ses activités de base. De plus, elle est activement engagée au conseil d’administration de Crew Energy Inc. et de Foothills Country Hospice Society, un organisme à but non lucratif.

Au cours de sa carrière fructueuse, Mme Nielsen n’a jamais tenu pour acquis l’honneur d’être ingénieure ainsi que l’importance d’être un modèle et de donner au suivant. Elle s’efforce d’apporter des changements importants dans les affaires et dans l’industrie afin que plus de jeunes femmes aient l’occasion de briller.« Quand je pense à toutes les femmes pour lesquelles je sais que j’ai fait une différence, je me sens valorisée. Ce qui compte, c’est de leur donner des conseils, un premier emploi ou encore une chance d’avancer, parce que certaines n’ont pas eu accès à ces occasions. »

Mme Nielsen milite avec passion pour la présence des femmes dans des rôles de leadership, notamment dans les centres de profit où leur contribution crée de la valeur pour leur entreprise.

Elle soutient que les femmes ayant un savoir-faire technique en maîtrisent aussi l’aspect commercial, en plus d’avoir un savoir-être qui a des répercussions positives sur la prise de décisions. «   Si elles ont des bases solides et si elles se sentent soutenues, elles apportent réellement une perspective différente. Elles prennent la défense de celles que l’on néglige. »

Aux yeux de Mme Nielsen, le fait d’élever ses trois enfants par elle-même depuis dix ans constitue l’une de ses plus grandes réalisations, en plus d’être devenue une « ingénieure très curieuse », elle qui a choisi ce cheminement de carrière après avoir effectué un test d’aptitudes en onzième année. « Avant ça, je n’avais pas la moindre idée de ce que faisait une ingénieure ou un ingénieur. »

De plus, elle est fière de l’ambition qu’elle a insufflée à son domaine. « J’ai changé de trajectoire et de stratégie, je suis parvenue à influencer. Les valeurs et le pragmatisme que j’ai été capable de mettre en pratique – qui s’expliquent sans aucun doute par le fait d’avoir été élevée sur une ferme en Saskatchewan – sont tout simplement un cadeau à mes yeux. »

Bien qu’elle se sente honorée d’être l’une des femmes dont on présente la biographie dans le cadre de ce projet du 30e anniversaire, Mme Nielsen pense surtout aux familles ayant perdu un être cher. « Je songe souvent à ce que j’aurais voulu entendre si j’avais été la mère de l’une des victimes, il y a 30 ans... J’aimerais que ces mères sachent que cela nous a changées, que nous sommes résolues à tirer le meilleur parti de notre profession. »


Sélectionnée par : University of Saskatchewan

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