30 Years Later

Les événements du 6 décembre 1989 ont fortement marqué toute une génération d’ingénieures au Canada. Chez plusieurs, ces événements ont galvanisé et renforcé tant leur détermination à réussir, qu’à soutenir la réussite des autres femmes. 

À cette époque, Catherine Roome étudie en génie électrique à la University of Victoria. La tuerie de Polytechnique à Montréal influence profondément sa carrière, ses perspectives d’avenir et ce dans quoi elle s’investit, depuis cette date et jusqu’à présent.

« C’est épouvantable ce qui s’est passé en 1989, et nous devons choisir comment réagir à quelque chose d’aussi terrible », raconte Mme Roome, qui a terminé ses études en 1990. « Ce soir-là, les vies de 14 femmes ont été interrompues. Ma vie et celles de tant d’autres de mes collègues ingénieures ont aussi été profondément marquées. Depuis ce jour, c’est comme si nous nous étions engagées dans une voie sans retour, pour réveiller une force intérieure dont nous ignorions l’existence. »

Pour Mme Roome, ce chemin emprunté s’est illustré par une brillante carrière pour le progrès de l’innovation technologique et la promotion de la sécurité publique. Elle a aussi reçu plusieurs prix prestigieux et occupé des postes de direction au sein de différents conseils d’administration.

Ce qui s’est produit à l’École Polytechnique a également incité Mme Roome et plusieurs de ses consœurs à s’exprimer publiquement sur leurs propres expériences, dans le but d’améliorer la culture dans les écoles et dans les milieux de travail en génie et d’encourager les jeunes femmes à choisir de faire carrière en ingénierie.

« C’est alors que j’ai réalisé que la promotion des femmes en génie allait être “mon truc”, confie-t-elle. Cette mission aurait très bien pu apparaître plus tard dans ma carrière, mais en raison des événements de Montréal, c’est arrivé à mes débuts dans la profession. Et tout ce travail a aidé à changer les écoles de génie en Colombie-Britannique et a certainement aussi influencé toutes les entreprises pour lesquelles j’ai déjà travaillé. »

En 1990, après avoir obtenu son diplôme et déménagé à Vancouver, Mme Roome assiste à un événement tenu par le Comité canadien des femmes en ingénierie, et livre un vibrant discours sur son parcours professionnel. À la clôture de l’événement, quelques personnes présentes forment un groupe qui deviendra la Women in Engineering and Geoscience Division — une division de l’association provinciale Engineers and Geoscientists BC (EGBC). Les membres de ce nouveau groupe s’expriment publiquement lors d’événements, mentorent de jeunes femmes, créent des occasions de réseauter et amassent de l’argent pour réaliser des conférences.

Aujourd’hui, les membres fondatrices du groupe occupent respectivement les postes de directrice et fondatrice d’une firme d’ingénierie, de doyenne d’une faculté de génie, de présidente de la EGBC et, pour Mme Roome, de présidente et directrice générale de Technical Safety BC, un organisme qui veille à la sûreté de toutes les installations de systèmes et d’équipements techniques en Colombie-Britannique et à leur exploitation sécuritaire.

« Ces 14 femmes n’ont pas eu la chance de profiter de leur carrière, mais je crois que nous l’avons probablement fait pour elles, déclare Mme Roome, pour rendre hommage à leur mémoire. »

Bien entendu, toutes ces réalisations ne se sont pas concrétisées du jour au lendemain. Après avoir obtenu son diplôme, Mme Roome a été engagée par BC Hydro, un emploi qu’elle croyait temporaire. Lorsqu’elle quitte l’entreprise, elle gère des actifs évalués à 100 millions de dollars et dirige des centaines d’employés et employées. En 2005, elle devient vice-présidente pour Technical Safety BC, promue ensuite à directrice de l’exploitation, et en 2011, à PDG.

Depuis qu’elle est en fonction, Technical Safety BC a doublé sa croissance pour devenir une entreprise évaluée à 69 millions de dollars qui compte plus de 450 employées et employés. Mme Roome a joué un rôle déterminant dans la transformation de l’organisme de réglementation en une institution moderne, fondée sur le savoir et qui utilise des technologies de pointe tel l’apprentissage automatique pour améliorer les normes de sécurité. Il y a deux ans, l’organisme a mis en place et codé son propre système d’intelligence artificielle, un outil qui calcule beaucoup plus précisément la probabilité que surviennent des accidents avec de gros équipements, contribuant ainsi à assurer la sécurité de tous les citoyens et de toutes les citoyennes de la Colombie-Britannique.

Technical Safety BC est reconnu tant pour ses innovations que pour sa culture exceptionnelle. Récemment, lors d’un exercice de planification stratégique, le personnel a déterminé que la clé du succès pour la prochaine décennie résidait dans la promotion de la diversité sous toutes ses formes : genre, culture, habiletés physiques et cognitives de même que dans une stratégie de relations avec les peuples autochtones.

L’année dernière, lorsqu’elle a été nommée parmi les 100 femmes les plus influentes au pays par le Women’s Executive Network, Mme Roome a été honorée pour sa vision avant-gardiste et son habileté à combiner technologie et humanité pour promouvoir l’innovation au service de la société.

« J’ai toujours voulu réaliser quelque chose de plus grand que moi, dit-elle, je voulais réaliser quelque chose qui aurait une portée internationale et qui contribuerait à un avenir meilleur. »

 


Sélectionnée par : University of Victoria

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